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Sommes-nous sous influence ?

Comment la lune conditionne notre humeur et notre vie quotidienne

Jean-Louis Degaudenzi

 

Toutes les pratiques et croyances relatives à la lune étaient considérées comme du folklore. Les données scientifiques actuelles semblent redécouvrir aujourd'hui l'influence de l'astre de la nuit. Les chiffres parlent, les statistiques sont probantes. La lune, elle, ne semble pas en faire cas et continue d'éclairer les nuits, glaciales ou torrides, des hommes de la planète bleue.

 

Comme la surface de la Terre, l'homme est formé de 80 % d’eau et de 20 % de solide. Je crois que la force gravitationnelle de la Lune, agissant de concert avec les autres énergies de l’univers, exerce son action sur l’eau de notre corps humain [...] comme elle le fait sur les océans de la planète Terre [...].

Nous devons cette théorie dite des “marées biologiques” au psychiatre américain Arnold Lieber. Confronté, de par son activité, aux perturbations du psychisme humain, il se demande pourquoi certaines phases lunaires semblent plus particulièrement les exacerber. Là où la science officielle ne voit que de “simples coïncidences”, il se livre à une enquête statistique approfondie.

Il répertorie de façon systématique les agressions, les vols avec violence, les viols, les suicides mais aussi les accidents du travail et de la circulation durant les diverses périodes du cycle lunaire. Il conclut, par le recoupement de ces informations, que la pleine Lune fait spectaculairement gonfler ces statistiques.

“On doit admettre, conclut-il, que l’intensité de la force de gravitation induit chez l’homme une attitude d’autodestruction autant que d’agression. Ces deux activités ont un lien comme l’a démontré la psychiatrie [...]. Nos enquêtes nous ont amenés à la constatation suivante : il existe une relation entre les agressions humaines et le cycle synodique de la Lune [...].”

La publication de ces conclusions n’emporte pas, loin s’en faut, l’adhésion de la communauté scientifique. Arnold Lieber et son équipe cherchent alors une base physiologique à leur théorie. Elle est simple. Les cellules de nos organismes contiennent de 70 à 80 % d’une eau dont la composition est très proche de celle de l’eau de mer. Elles sont d’ailleurs le théâtre de mini-marées ! Lieber les appelle “marées biologiques”.

“On peut considérer, écrit-il, l’être humain comme un microcosme essentiellement constitué des mêmes éléments que la Terre, sa planète, et dans des proportions identiques... La vie est faite de marées hautes et de marées basses, gouvernées par la Lune. Lors de la pleine Lune et de la nouvelle Lune, les marées sont à leur maximum et c’est alors que les effets de la Lune sont les plus forts sur notre comportement.”

Arnold Lieber distingue alors trois sortes d’“eaux physiologiques”. Il y a tout d’abord l’eau qui est contenue dans notre sang. C’est l’eau intravasculaire aux composants assez proches de l’eau de mer. Il y a ensuite l’eau qui irrigue nos tissus et baigne les cellules. C’est l’eau extra-cellulaire. La troisième est l’eau des cellules elles-mêmes ou eau intracellulaire. Toutes ces eaux circulent et interfèrent. Si le processus est perturbé, cela peut modifier toute la personnalité d’un individu.

“Lorsque la marée biologique, écrit Lieber, est à son plein, la machine humaine est sous tension. Il importe de signaler que ces marées biologiques ne causent pas de comportements étranges [...]. Elles maintiennent la vie en équilibre [...]. Mais elles rendent inévitablement plus probables ces comportements aberrants chez les personnes ayant déjà des tendances à la violence et à l’agressivité. Les marées biologiques agissent alors comme un détonateur qui déclenche des débordements irrationnels [...].”

Le champ magnétique terrestre est modifié par les phases de la Lune, poursuit le savant. Et cela provoquerait, chez des êtres prédisposés ou plus sensibles que d’autres, une production anormale d’hormones nocturnes et de stress, comme l’ACTH.

La thèse se tient et elle a l’avantage de n’être pas férocement déterministe comme on aurait pu le craindre. Elle montre que la Lune et ses rythmes, parmi bien d’autres paramètres, nous maintiennent en vie. Leur influence ne modifie pas fondamentalement un comportement. Pleine Lune ou pas, un assassin finira par passer à l’acte ; une maladie en gestation se déclarera un jour ou l’autre ; un individu suicidaire se mettra en danger de mort... Il y a simplement une probabilité qu’à un moment donné la rythmicité de la Lune entre dans cette mathématique du déséquilibre.

L’avenir de cette discipline semble immense. On connaît encore relativement mal le fonctionnement de nos horloges biologiques internes. On les devine subtilement accordées à l’infinité de rythmes et de cycles qui président à l’équilibre de l’univers et du vivant.

Les rythmes lunaires ont une importance fondamentale dans le processus. Il y a quelques années, une équipe de journalistes du magazine Le Point a enquêté durant un an sur ce phénomène en région parisienne. Résultats troublants : 74 % d’augmentation pour les attentats à la pudeur et 150 % pour les vols avec violence en nuits de pleine Lune... Et il y a d’autres chiffres. A Moscou, en 1997-1998, la sociologue Irina Gatchina a constaté que, les nuits de pleine Lune et les deux nuits qui suivaient, il y avait une augmentation de 175% pour les viols et les agressions sexuelles, de 120% pour les vols avec violence et de 85% pour les suicides. Une étude sociologique américaine a obtenu des chiffres à peu près identiques pour les villes de Los Angeles, d’Atlanta et de Washington.

Bien sûr, scientifiquement, ces conclusions n’ont pas de valeur absolue. Si l’on se réfère à l’un des fondateurs de la sociologie, Emile Durkheim, il faudrait introduire une troisième variable afin d’infirmer ou de confirmer définitivement une hypothèse. Se demander, par exemple, quel temps il faisait, quel était l’âge moyen des personnes étudiées, quel niveau de pollution sévissait ces nuits-là, etc. Il n’empêche que, face aux constatations des médecins, des journalistes, des sociologues ou des policiers sur le terrain, on est en droit de se demander pourquoi la voix officielle est aussi virulente pour nier en bloc le phénomène ; en France du moins, parce que l’on est plus nuancé aux Etats-Unis, en Allemagne ou en Grande-Bretagne.

Pourquoi certaines évidences dérangent-elles autant ? Serait-ce parce que, trop bien admises, elles mettraient en cause toute une manière de vivre et de penser ?

LE CLIMAT AUSSI

Le climat sous lequel nous vivons, les saisons, le vent, la pluie, la neige, etc., jouent un rôle dans les divers processus de notre métabolisme aussi bien que de notre psychisme. Notre comportement en est également affecté.

On a ainsi constaté une recrudescence de la criminalité (agressions et viols en particulier) correspondant étrangement avec des périodes de canicule. On pense que des variations d’électricité dans l’air seraient responsables de cet état de fait. Le printemps est statistiquement, nul ne saurait expliquer pourquoi, le temps des suicides, surtout chez les jeunes. L’été stimule les hormones sexuelles. L’automne rend plus dépressif que n’importe quelle autre saison, l’hiver y compris. En ce qui concerne ce dernier, surtout s’il est neigeux, il favoriserait les accidents cardio-vasculaires...

Chaque année, un service de la météo allemande attire l’attention des autorités médicales sur les problèmes de santé générés par les changements de temps. Au cours de ces six dernières années, le pourcentage des malades touchés par les variations météo aurait considérablement augmenté (de 38 à 52 %). Constat statistique, l’arrivée de toute dépression accompagnée d’un courant d’air chaud incommode les cardiaques et les asthmatiques. Si cette même dépression est associée à un courant d’air froid, ce sont nos intestins et notre vésicule biliaire qui écopent. Les variations du baromètre touchent surtout, bien entendu, les alités.

Mais les bien portants ne sont pas épargnés (troubles psychosomatiques, insomnies, angoisses, crampes d’estomac, allergies, colites, etc.). Selon les spécialistes allemands, les variations du temps auraient aussi une incidence sur les prises d’alcool, de médicaments dangereux et de drogues illicites.

Nous commençons à disposer, en France, d’études précises sur l’étonnante météo-sensibilité de nos contemporains. Dès 1978, le professeur Jean-Louis Jullien, cardiologue à Paris, a étudié l’effet des changements brutaux de la pression atmosphérique sur sept cents malades. Une chute de la température, a-t-il constaté, multiplie infarctus et crises d’angoisse.

Depuis, plusieurs études ont montré la corrélation entre le froid et nos comportements cardiaques. Une baisse significative et brutale de la température entraîne, dans notre métabolisme, des décharges d’adrénaline, sources de palpitations, d’hypertension artérielle, de tachycardie, de spasmes coronariens ou de la rupture d’une plaque d’athérome. Il se produit aussi une augmentation de la viscosité sanguine et du fibrinogène, ce qui contribue à la formation de caillots. Parallèlement, on assiste à une chute brutale du potassium myocardique, à l’origine des morts subites.

De décembre 1992 à mai 1993, l’étude Biomet a recensé le nombre et la cause des interventions du Samu et de SOS Médecins. Cette étude a montré sans conteste possible les évidents effets néfastes d’une part de la pollution atmosphérique et d’autre part des perturbations météorologiques.

Deux études italiennes de 1991 et 1994 ont confirmé ces travaux. Elles ont par ailleurs pris en compte l’éventuelle influence des phases lunaires sur les diverses pathologies. Aucun chiffre significatif ne s’est dégagé de cette statistique, sinon dans les services d’épidémiologie et de psychiatrie. Cela ne signifie pas que notre satellite est inactif mais que son influence n’a pu être mise en évidence dans la masse des paramètres en ligne de compte.

Les horloges de l’amour

Curieusement, les hormones du désir ne sont pas synchronisées chez l’homme et chez la femme à l’échelle du quotidien ! L’homme serait plutôt du matin et la femme du soir. Heureusement des rythmes mensuels et annuels viennent compenser cette relative inadéquation érotique. Les femmes, de par leur rythme lunaire, ont un pic de désir sexuel entre le quatorzième et le quinzième jour (ovulation) de leur cycle. Chez les deux sexes, l’instinct de reproduction se manifeste simultanément pendant les mois d’août et de septembre. Cela se vérifie par les baby-booms statistiques de mai et de juin.

 

Maladies de la pleine Lune

Le jour de la pleine Lune et ceux qui la suivent immédiatement (troisième quartier) génèrent-ils des pathologies spécifiques ? En France, la médecine le nie, du moins officiellement. Car la plupart des généralistes admettent que cette période remplit leurs cabinets de façon significative. Dans les services de psychiatrie, psychologues et médecins de garde s’attendent à un surcroît d’appels et d’interventions. Même s’il ne s’agit plus de maladies, on cite toujours l'incidence de cette phase lunaire sur les maternités...

Un pharmacologue américain, le docteur Ralph Lewis, s’est livré à une étude statistique. Selon lui, il est indubitable que la pleine Lune est en corrélation avec l'apparition de certaines maladies. Ainsi, a-t-il constaté, avec son équipe, que 66 % des angines de poitrine et des ulcères soignés dans l’hôpital de l’Illinois où il exerce se seraient déclarés pendant les sept jours compris entre la pleine Lune et le dernier quartier. Cette période aurait également induit des hémorragies sensiblement plus fréquentes.

La police, quant à elle, reste prudente, même si l’on admet que “ces soirs-là” on sait dans tous les commissariats qu’il y aura plus de travail. Les annales de la police judiciaire montrent que s’il n’y a pas plus de crimes les soirs de pleine Lune leur violence est toujours disproportionnée par rapport aux motifs qui les déclenchent. Autrement dit, à la pleine Lune, madame sort plus facilement le fusil parce que monsieur ronfle plus qu’en temps ordinaire. Ou bien monsieur qui supporte à longueur d’année les incartades de son épouse choisit plus volontiers ce jour-là pour la trucider à coups de marteau !